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Remplacer les éco-chèques ? Plus complexe qu’il n’y paraît

18 avril 2025

L’accord gouvernemental prévoit une augmentation de 2 x 2 € de la valeur faciale des chèques-repas, l’élargissement de leurs possibilités de dépense, et la suppression progressive des autres chèques, notamment les éco-chèques.

Les médias évoquent une compensation des éco-chèques, mais cette solution ne serait pas facile à mettre en place. Ni pour les employeurs, ni pour les salariés, ni pour le législateur. La Cour constitutionnelle et le Conseil d’État ont d’ailleurs averti sur le risque de reclassification des éco-chèques en tant que rémunération, en cas d’élargissement trop large de leur portée.

Dans ce blogpost, nous vous expliquons pourquoi les alternatives aux éco-chèques ne sont pas toujours équivalentes et quelles répercussions cela aurait pour les employeurs et les salarié·es.

Compensation des éco-chèques : un défi pour les employeurs

Conséquences fiscales d’une augmentation de salaire

Les éco-chèques sont totalement exonérés d’impôts et de charges sociales, aussi bien pour les employeurs que pour les salarié·es. À l’inverse, une augmentation de salaire brut est fortement taxée : les salarié·es perçoivent donc nettement moins en net. Pour l’employeur, cela revient à dépenser davantage… pour un pouvoir d’achat inchangé. 

Aucune garantie de compensation

Les précédentes suppressions d’avantages n’ont pas été systématiquement compensées. Sans cadre légal, le pouvoir d’achat des salarié·es est menacé, sans assurance de mesure équivalente.

Un objectif clair et durable

Les éco-chèques orientent la consommation vers des achats responsables et soutiennent les secteurs engagés dans la transition écologique. À l’inverse, une augmentation salariale ne garantit en rien un usage écoresponsable de l’argent. 

Une pression budgétaire pour les employeurs

La Belgique affiche l’une des charges salariales les plus élevées d’Europe. Les éco-chèques permettent d’offrir un avantage net aux salarié·es, sans alourdir la masse salariale — ce que peu d’alternatives permettent. 

Avantages extralégaux : pourquoi les autres options ne font pas le poids ?

Certaines solutions extralégales sont régulièrement évoquées comme alternatives, mais elles ne remplissent pas les mêmes fonctions ni ne touchent les mêmes publics :

Assurance hospitalisation & pension complémentaire

Des avantages précieux à long terme, mais sans effet immédiat sur le pouvoir d’achat. Les éco-chèques, eux, permettent des dépenses directes et concrètes.

Budget mobilité & voiture de société

Des solutions utiles, mais centrées sur les besoins de transport, pas sur la consommation durable. En outre, tous les salarié·es ne sont pas éligibles à ce type d’avantage.

Bonus, stock-options & jours de formation supplémentaires

Souvent réservés à certains profils ou fonctions spécifiques. Ils ne sont ni collectifs, ni universels comme les éco-chèques, accessibles à l’ensemble du personnel. 

Pourquoi la perte des éco-chèques représenterait-elle une perte sèche pour les salariés ?

Une perte directe de pouvoir d’achat

Les éco-chèques constituent un avantage net, exonéré de charges. S’ils disparaissent, les mêmes dépenses devront être financées avec un salaire imposé, ce qui revient à payer plus… pour le même résultat.

Un recul de l’inclusivité

Tous les salarié·es n’ont pas accès aux mêmes avantages extralégaux. Les éco-chèques sont l’un des seuls dispositifs accessibles à un large public, quel que soit le statut ou la fonction.

Un frein à la consommation durable

Sans éco-chèques, les achats responsables deviennent moins accessibles. Cela risque de décourager l’achat d’équipements écologiques et d’entraîner, à terme, des coûts plus élevés, notamment en énergie. 

Des améliorations ? Oui. Une suppression ? Risquée.

L’extinction progressive des éco-chèques entraînerait non seulement une baisse directe du pouvoir d’achat pour les salarié·es, mais aussi une hausse des coûts et une complexité accrue pour les employeurs.

Les alternatives compensatoires sont souvent plus onéreuses, moins accessibles et moins efficaces. En outre, cette suppression signerait la disparition d’un levier politique concret en faveur de la consommation durable et de la transition écologique.

Par ailleurs, étendre les possibilités de dépense des chèques-repas — pour en faire une solution de remplacement — comporte un risque juridique réel : comme l’ont souligné la Cour constitutionnelle et le Conseil d’État, un tel élargissement pourrait entraîner leur requalification en rémunération, avec des conséquences importantes pour les employeurs comme pour les salarié·es.

Le système des éco-chèques est-il parfait ? Non. Mais il fonctionne, il est structurant, et il peut évoluer

C’est pourquoi Pluxee plaide pour une analyse politique d’impact neutre, afin d’évaluer objectivement les bénéfices, les limites et les pistes d’évolution du dispositif, tout en préservant ses objectifs initiaux.